ANNUAIRE GENERAL DE NIORT
Et Des DEUX-SEVRES
1931
NIORT
Les
origines de Niort remontent avant l’ère chrétienne. Le coteau de Saint-André
fut le berceau de la ville. Les premiers habitants était les Scythes, mais le
pays fut successivement occupé par les Romains, les Goths, les Francs et les
Anglais. Au moment de la conquête
Romaine, les Pictions qui donnèrent leur nom au Poitou, opposèrent une
énergique résistance aux légions, mais furent vaincus et subjugués.
Niort était alors un port
florissant en raison du trafic des blés de la Grande-Bretagne. Agricola venait
de conquérir cette ile et y puisait les blés nécessaires à l’approvisionnement
de la Gaule qui en manquait.
Déjà les vins de notre
contrés s’échangeaient contre les produits de l’Angleterre. Attirés par sa
prospérité, au VIème siècle, les habitants du Pagus Niortensis, fondé par les
Germains, s’y établissent et lui donnent le nom de Niort.
Niort est une des plus
anciennes communes de France. Elle jouissait déjà de franchises spéciales, accordées
par Henri II et Richard-Cœur-de-Lion
lorsque Jean-sans-terre l’érigea en commune le 31 août 1199 : il confirma
sa charte en 1203 et Aliénor d’Aquitaine, sa mère, la sanctionna. La
constitution accordée à la ville était
celle de « Etablissements de Rouen » qui servaient de code à toutes les villes des
possessions anglaises sur le continent jusqu’à Bayonne.
Propriété des comtes de
Poitou, duc d’Aquitaine. Niort passe aux mains de louis VII par le mariage de
ce prince avec Aliénor d’Aquitaine, fille unique du dernier comte Guillaume,
puis après le divorce d’Aliénor et son remariage avec le comte d’Anjou. Henri Plantagenet,
Niort devient Anglais à l’avènement de ce prince au trône d’Angleterre.
En 1204, Aimery de
Thouars, sénéchal du Poitou prend et rançonne Niort pour le compte de
Philippe-Auguste. Un an après, Niort retombe au
pouvoir des Anglais.
En
1224, Louis VIII met le siège devant la ville, défendue par Savary de Mauléon,
pour le compte d’Henri III d’Angleterre, et s’en empare. Jusqu’au traité de
Bretigny (1360) elle reste française. Ce traité la rend à l’Angleterre ;
le seigneur Chandos, lieutenant du roi d’Angleterre, vient « prendre
possession et saisine de la ville et chastel » le mercredi fête de la
Saint-Michel 1361, et il fait son quartier général.
En 1369, les troupes de Charles V, ayant occupé le Poitou,
Niort se range du côté du roi de France et résiste héroïquement aux Anglais.
« Du Guesclin devait
définitivement restituer Niort à la France (26 mars 1373). Aussitôt le siège de
Chizé terminé « Messire Bertrand fit prendre tous les vêtements des
Anglais et les chevaux monté par eux, dont on s’était emparé pendant la
bataille, il fit monter dessus les Français et les fit partir hâtivement de
Chizé pour venir devant Niort. A la vue des Français, vêtus des tuniques et
montés sur les chevaux des Anglais, les habitants les prirent pour ces derniers
et abaissent immédiatement leur pont. Les Français entrèrent précipitamment dans Niort, et une fois dans
la ville se mirent à crier : « Guesclin ! ». Tous ceux qui
se trouvèrent dans Niort furent pris et les Français y conquirent un riche
butin ».
Niort célébra chaque
année, jusqu’à le Réforme, sa reprise sur les Anglais. Les victoires de Du Guesclin
en Poitou ayant remplacé cette province sous la domination du roi de France,
Charles V la donne à son frère de Duc de Berry, qui en devient le bienfaiteur.
Pendant
la sédition dite la Praguerie, Niort joue un rôle important, en donnant asile
au Dauphin, plus tard Louis XI, contre son père Charles VII. La ville alors
gouvernée par le duc d’Alençon avait pris parti
pour le Dauphin, mais le roi ayant occupé Saint-Maixent elle s’empressa
de faire sa soumission. Les habitants furent, pendant deux ans, privés de leurs
privilèges et virent le siège de leur juridiction transféré à Saint-Maixent qui
était resté fidèle au roi.
La prédication calviniste fut accueillie avec ferveur à
Niort (1558) et quand la lutte commença la ville comptait un grand nombre de
réformés. En 1568 elle est obligé de capituler devant d’Andelet en raison de
l’insuffisance de son artillerie. Les conditions de la capitulation furent
violées par les protestants qui se livrèrent à de grand excès. Peu après, la
reine de Navarre vint présider la réunion des chefs protestants pour élaborer un
plan de campagne. En 1569, après douze
jours de résistance héroïque, le capitaine protestant Pluviault força le comte
du Lude à lever le siège de Niort. Après la défaite de Coligny à Moncontour, le
duc d’Anjou trouve les portes de Niort ouvertes et y installe une garnison
catholique ; Après plusieurs tentatives malheureuses, les Huguenots
finissent par pénétrer de nuit dans Niort et la ville passe au pouvoir du roi
de Navarre, 28 décembre 1569. Depuis cette époque Niort n’a jamais joué un rôle
important soit au point de vue politique, soit au point de vue militaire.
Commerce et Industries
– Niort commença à prospérer au XIIIe siècle en raison de sa proximité de la
mer et de sa position de ville frontière entre les possessions Anglaises et la
France. En temps de paix l’exportation de ses denrées s’opérait par les
marchands des trois villes unies, La rochelle, Niort, Saint-Jean-d’Angély, en
temps de guerre par les navires des Templiers. La hanse de Londres et la
Compagnie de Rouen étaient en rapports avec Niort et La Rochelle.
On exportait le blé, les
vins, la laine. Le débouché principal pour ce dernier produit était la Flandre
où le tissage était en pleine activité. Ayant à se plaindre des Flamands, les
trois villes unies étaient déjà assez puissantes pour les mettre en interdit et
les forcer à accepter leurs conditions.
L’industrie de la peau existait à Niort dès 1285. Celle du
drap apparut dès le XIVe siècle. Au XVIe siècle, le
Canada devint une source de richesse pour nous ; les peaux importées de ce
pays donnèrent à la chamoiserie une prospérité inouïe ; la perte de cette
colonie fut pour Niort la ruine de l’industrie du drap : car était le
principal débouché. De 1789 à 1801 la chamoiserie périclite pour reprendre son
essor pendant tout le Premier Empire, en raison de la fourniture des culottes de peau à la cavalerie
française : la Restauration en supprimant l’usage de ces culottes dans l’armée causa à notre industrie un grave
préjudice. La fabrication de gants de peau pour la troupe était encore restée
jusqu’à nos jours une des principales sources de notre prospérité, le général
André lui porta un rude coup en supprimant le port des gants dans l’armée.
Néanmoins, cette industrie a victorieusement résisté aux difficultés et elle
trouve, dans l’exportation notamment, des débouchés assez importants. Ces
dernières années, la mode du gant de chamois lui a permis de reprendre un
nouvel essor. Les autres industries sont celles des trieurs à grains et des
automobiles.
Niort comptes
quelques monuments dignes de retenir l’attention. Tout d’abord ses quatre
églises.
L’église Notre-Dame date
du XVe. Elle a été remaniée au XVIIe et au VXIIIe :
son clocher a 75 mètres de hauteur ; le portail de la façade sud est un
bijou d’architecture ogivale. L’église a subi quelques remaniements au cours
des siècles : Après 1588, année où elle fut saccagée par les protestants,
elle a subi d’importantes réparations. L’église s’est effondrée en partie en
1910, pendant la réfection des piliers du chœur qui menaçaient ruine. Avec le concours
de l’état, puisque l’église est un monument historique, elle a été entièrement
restaurée et elle reste un des monuments les plus intéressants de la ville.
L’église
Saint-André, la plus ancienne de la ville, s’élevait sur l’emplacement de
l’église actuelle dès le XIe siècle. Détruite en 1588 par les
protestants, rebâtie en 1696 et réédifiée de fond en comble de 1855à 1866,
l’église actuelle s’élève, imposante avec ses deux flèches sur le coteau de
Saint-André d’où elle domine toute la ville.
L’église Saint-Hilaire a été construite en 1862. Quand à
l’église Saint-Étienne, s’élève par souscriptions en 1898, elle est encore
inachevée et attend le clocher qui la complètera heureusement.
Le
Donjon – Dès le Xe siècle, il existait un château à Niort. Le donjon actuel
date probablement d’Henri II Plantagenet. C’est un des plus beaux spécimens des
forteresses de cette époque. Autrefois, le château était entouré d’une enceinte
fortifiée de dix tours rondes. Le fort Foucault faisait partie de cet ensemble
de défenses.
Le donjon contient un musé ethnographique et l’on y montre
une salle qui, servit de chambre à Madame de Maintenon.
L’ancien hôtel de ville a
été construit sous François 1er. Tel qu’il est aujourd’hui, le
beffroi date de 1694. Le monument restauré, est affecté à un musée d’antiquités
où l’on trouve une collection lapidaire fort intéressante, des collections de
vieilles monnaies, des objets gallo-romains et préhistoriques.
L’Hôtel
de Ville actuel – L’Hôtel de Ville actuel a été construit en 1902. Il est le
plus beau monument de la ville, heureusement compris, bien situé, d’aspect
important, il retient l’attention tant par son architecture que par les détails
qui ont été heureusement prévus.
(Extrait du Guide du
Syndicat d’Initiative de Niort)
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